Le présent livre est le résultat d’une fréquentation aussi ancienne qu’assidue de l’œuvre de Nietzsche. Il se voudrait l’autopsie de l’ahurissante entreprise de blanchiment qu’a constitué la réception de sa philosophie en France depuis plus d’un siècle, principalement en raison du génie stylistique sans pareil avec lequel elle a été communiquée. En particulier, Nietzsche aura été totalement exonéré de toute inuence sur le doctrinal hitlérien; Heidegger, qui était aux premières loges pour en témoigner, démontra pourtant le contraire dans le séminaire de quatre ans qu’il lui a consacré. Mais de Bataille et Blanchot à Sollers, Surya ou Onfray, en passant par Klossowski, Deleuze, Foucault et d’innombrables autres, l’innervation omniprésente de la propagande nationale-socialiste par les principaux concepts de Nietzsche aura totalement été ignorée.

A l’heure où une idéologie encore mille fois plus immonde que le nazisme, le transhumanisme, prend lentement mais sûrement les rênes de l’occident tout entier, il est temps de régler nos comptes avec les principaux concepts par lesquels Nietzsche a imprégné le nazisme, mais une immense part de la philosophie française : l’antihumanisme, la volonté de puissance, la transvaluation de toutes les valeurs, l’immoralisme, l’eugénisme non métaphorique du surhomme; toutes catégories “ontologiques” qui n’auront, sinon, aucune peine à se glisser dans le doctrinal des Hitler (Gates, Schwab…) et des Rosenberg (Harari, Alexandre…) d’aujourd’hui.