La Turquie frappe aujourd’hui à la porte du Marché commun. D’ ” Homme malade de l’Europe”, telle que se plaisent encore à nous la décrire au début de ce siècle les manuels scolaires, comment la Turquie est-elle devenue un membre potentiel à part entière de la Communauté économique européenne ?
Le lecteur comprendra cette prodigieuse mutation à suivre Bernard Lewis. Tout s’est déjoué entre la décennie 1890 et 1950, année de l’élection générale qui fut la première à se dérouler dans une liberté et une honnêteté complètes et qui permit à l’opposition de supplanter le parti kémaliste jusqu’alors dominant. Depuis l’héritage essentiel de la révolution de Mustapha Kemal Atatürk a été préservé : la séparation de l’état laïc et de la religion musulmane.
Ce n’était pourtant pas une mince affaire que de créer une démocratie parlementaire dans un pays aux traditions autoritaires, où le sultan était le “Commandeur des croyants “. Et si trois fois depuis la guerre, l’armée est intervenue par un coup d’Etat (1960,1971,1980), toujours elle est rentrée dans ses casernes après avoir remis le pouvoir aux civils. L’exemple est unique dans le monde musulman, où Kemal Atatürk, fondateur et père de la République turque, est aujourd’hui encore l’objet de la haine de tous les intégristes.
La Turquie est-elle dès lors une exception en terre d’Islam ou un modèle possible pour les autres pays musulmans? Bernard Lewis retrace l’histoire de l’impact de l’Occident sur le monde ottoman, en portant une attention toute particulière aux quatre formes essentielles du changement du régime islamique en République laïque: le passage de la communauté musulmane à la nation turque: la création d’un Etat parlementaire et d’un gouvernement responsable; les rapports entre la religion et la culture de la société civile ; la naissance d’élites politiques et de classes sociales nouvelles.
L’ouvrage, traduit pour la première fois en France, a été remis à jour et complété par l’auteur pour cette présente édition.
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